Famille des LENTIBULARIÉES.

Environ 200 espèces répandues dans presque tout le globe.

Feuilles toutes radicales, entières, visqueuses, aériennes ; fleurs solitaires sur de longs pédoncules nus ; calice à 5 lobes : PINGUICULA

Feuilles alternes, finement découpées, munies d'utricules, submergées [espèces de France...] ; fleurs en petites grappes bractéolées ; calice à 2 lobes : UTRICULARIA



Genre PINGUICULA L. - Grassettes.

(Du latin pinguis, gras ; les feuilles sembles couvertes d'un enduit graisseux, en réalité du mucus.)

Calice presque bilabié [à deux lèvres], à 5 lobes, 3 supérieurs et 2 inférieurs ; corolle bilabiée à gorge ouverte, la lèvre supérieure à 2 lobes, l'inférieure à 3 et prolongée en éperon dirigé en arrière ; capsule ovoïde ou globuleuse, s'ouvrant en long par 2 valves ; graines elliptiques-cylindracées.

Fleurs violettes, roses, blanchâtres ou tachées de jaune, solitaires et penchées au sommet de longs pédoncules courbés en crosse à la floraison ; feuilles aériennes, toutes en rosette radicale, entières, sans pétiole, grasses au toucher, d'un vert jaunâtre ; plantes délicates, succulentes, à souche très courte en forme de plateau.

Environ 30 espèces habitent l'hémisphère boréal et l'Amérique méridionale.

Corolle rosée, blanchâtre ou jaunâtre, petite (6-10 mm de long sans l'éperon) ; éperon court, de 2-4 mm

Corolle violette ou lilacée, assez grande (10-20 mm de long sans l'éperon) ; éperon allongé, ayant plus de 4 mm

D'après Gaston Bonnier :

Pinguicula lusitanica L. Grassette du Portugal

Plante vivace de 5-15 cm, à hampes très grêles, presque capillaires, couverte de poil glanduleux ; feuilles ovales ou oblongues, obtuses, d'un vert jaunâtre luisant, à bords enroulés vers l'intérieur ; fleurs d'un blanc un peu rosé, à tube roussâtre, rayé de pourpre ; calice glanduleux, à lobes suborbiculaires ; corolle petite (6-7 mm de long), plus longue que large, à lobes de la lèvre supérieure courts, arrondis, ceux de l'inférieure un peu plus longs, échancrés, éperon de 3-4 mm, dirigé en bas, linéaire-cylindrique, obtus, presque aussi long que 1a corolle ; capsule globuleuse.

Landes et lieux tourbeux dans l'ouest et le centre, jusque dans le Cher, Littoral de l'Océan jusqu'à la Seine, Pyrénées ; inexistant à l'est de la Loire. - Grande-Bretagne, Espagne et Portugal ; Maroc. F. mai-juillet.

Pinguicula alpina L. Grassette des Alpes

Plante vivace de 5-12 cm, à hampes grêles, glabres ou pubescentes-glanduleuses ; feuilles elliptiques, rougissantes au soleil, un peu contournées ; fleurs blanchâtres, marquées à la gorge de deux taches jaunes ; calice subglanduleux, à lobes suborbiculaires ; corolle petite (8-10 mm de long), aussi large que longue, à lèvres inégales, la supérieure à lobes très courts, arrondis, l'inférieure à lobe moyen plus large et émarginé ; éperon recourbé, gros et court de 2-3 mm, conique, aussi large ou plus large que long à la base, égalant le quart de la corolle ; capsule ovoïde.

Rochers humides des hautes montagnes. Haut Jura ; Alpes de la Savoie, du Dauphiné, de Provence ; Pyrénées. - Europe centrale et boréale. F. juin-août.

Pinguicula corsica Bern. et Gren.
Grassette de Corse

Plante vivace de 5-10 cm, à hampes grêles, pubescentes-glanduleuses ou glabres ; feuilles ovales-elliptiques, courtes ; fleurs rosées ou d'un blanc jaunâtre, rarement violacées ; calice glanduleux, à lobes oblongs ou lancéolés ; corolle assez petite (10-12 mm de long), comprimée, aussi large que longue, à lèvres peu inégales, la supérieur à lobes un peu allongés, obovales, l'inférieure à lobes larges et contigus ; éperon de 4-5 mm, droit dans le prolongement de la corolle, très grêle, filiforme-aigu, égalant environ le tiers de la corolle ; capsule ovoïde.

Prairies marécageuses et ravins des hautes montagnes de la Corse. Espèce jusqu'ici spéciale à cette île. F. juin-août.

Pinguicula vulgaris L.
Langue d'oie, Grassette vulgaire

Plante vivace de 5-15 cm, à hampes grêles, glabres ou pubescentes ; feuilles ovales-oblongues ; fleurs violettes ; calice glanduleux, à lobes oblongs ; corolle moyenne (10-12 mm de long), allongée, plus longue que large, à lèvres très inégales, à lobes profonds, bien plus longs que larges, dirigés en avant, non contigus ; éperon droit, grêle, égalant le tiers ou la moitié de la corolle ; capsule en poire, élargie à la base.

Variété à fleurs et feuilles plus grandes, capsule ovoïde conique (var. MACRANTHA Lamot., v. ALPESTRIS Genty).

Prairies marécageuses et rochers humides, dans presque toute la France, [plutôt en montagne : craint la chaleur] ; inexistant dans la région méditerranéenne ; Corse. - Europe ; Asie occidentale et boréale ; Amérique boréale. F. mai-juillet.

Pinguicula leptoceras Rchb (Reichenbach)

Ressemble à P. vulgaris mais, d'après Gaston Bonnier, "corolle 2 à 3 fois plus petite que le reste de la corolle [??] et très peu plus longue que large". Bref, si vous avez des infos : écrivez-moi s'il vous plait !

Pinguicula longifolia Ram. (P. GRANDIFLORA V. LONGIFOLIA DC.).

Plante vivace de 5-15 cm, à hampes grêles, pubérulentes [= ayant tendance à avoir du duvet] ; feuilles oblongues ou elliptiques-lancéolées, souvent très allongées ; fleurs violettes ; calice subglanduleux, à lobes oblongs ; corolle grande (15-20 mm de long), comprimée, un peu allongée et plus longue que large, à lobes de la lèvre inférieure assez profonds, plus longs que larges, non imbriqués ; éperon un peu arqué, filiforme-aigu, presque aussi long que la corolle ; capsule ovoïde.

Rochers et pelouses humides des montagnes calcaires du Midi : Causses des Cévennes: Lozère, Aveyron, Gard ; Aude, Pyrénées orientales et centrales ; Alpes-Maritimes. - Piémont ; Espagne. F. avril-juin.

Pinguicula grandiflora Lamk. (forme type)

Plante vivace de 8-15 cm, à hampes assez robustes, pubescentes-glanduleuses ; feuilles ovales-oblongues ; fleurs d'un violet pourpre, à gorge blanchâtre, fortement contractée ; calice glanduleux, à. lobes ovales ; corolle grande (15-20 mm de long), non ventrue, aussi large que longue, à lobes peu profonds, aussi larges que longs, tous imbriqués, non ou à peine ondulés ; éperon droit dans le prolongement de la corolle, robuste, égalant au moins les deux tiers de la corolle ; capsule brunâtre ovoïde-conique, à section transversale en ellipse sphéroïdale.

Pâturages et rochers humides des hautes montagnes : Jura ; Bugey ; Alpes de la Savoie, du Dauphiné, de la Provence ; Corbières et Pyrénées. - Espagne et Italie septentrionales ; Suisse ; Irlande. F. mai-août.

Pinguicula grandiflora pallida Reuter.

Plante vivace de 6-15 cm, à hampes assez robustes, pubescentes-glanduleuses ; feuilles ovales-oblongues ; fleurs lilas, à gorge tachée de violet, très dilatée ; calice glanduleux, à lobes ovales ; corolle grande (15-20 mm de long), ventrue, aussi large que longue, à lobes supérieurs obovales, non contigus, les inférieurs aussi larges que longs, imbriqués, ondulés aux bords ; éperon incliné, robuste, égalant au moins les deux tiers de la corolle ; capsule d'un vert jaunâtre, ovoïde-conique, à section transversale figurant une ellipse losangique à angles émoussés.

Pâturages humides du Jura Méridional et des Alpes d'Annecy : Ain, Haute-Savoie. - Suisse. F. juin-août.
[cohabite parfaitement avec la forme type, plus foncée].

Genre UTRICULARIA L. - Utriculaires.

(Du latin uter, outre ; les feuilles sont garnies de «petites outres», les utricules, qui sont des pièges actifs.)

Calice bilabié [à deux lèvres], à 2 lobes presque égaux ; corolle personée [c'est-à-dire fermée par une saillie vers l'intérieur, plus ou moins en forme de mufle de bœuf...] , à gorge ordinairement fermée par un palais saillant et bilobé, la lèvre supérieure entière ou émarginée, l'inférieure bien plus grande, entière, prolongée en éperon dirigé en avant ; capsule globuleuse, s'ouvrant en travers au-dessus de la base ; graines suborbiculaires.

Fleurs jaunes, dressées, en grappes lâches et bractéolées au sommet de longs pédoncules exondés [hors de l'eau] ; feuilles alternes, toutes découpées en lanières linéaires, munies d'utricules operculées destinées surtout à piéger des animalcules et accessoirement à faire flotter la plante pendant la floraison ; plantes aquatiques, submergées, très délicates.

Environ 160 espèces habitent les régions chaudes et tempérées.

Corolle d'un jaune vif, assez grande (15-18 min.), de moitié plus longue que l'éperon ; à grappes à 3-12 fleurs ; feuilles pennatiséquées (=découpées en divisions principales de part et d'autres de l'axe de la feuille) finement en lanières capillaires, toutes munies d'utricules. [L'extrémité des rameaux forme une extrémité dense et pointue "en sapin de Noël".]

  • Lèvre supérieure de la corolle aussi longue que le palais, étroit, l'inférieure à bords réfléchis ; pédoncules et calices d'un roux brun : U. vulgaris
  • Lèvre supérieure de la corolle une fois plus longue que le palais; large et saillant, l'inférieure à bords plans et étalés ; pédoncules et calices d'un rouge pâle : U. neglecta



Corolle d'un jaune pâle, assez petite ou petite (6-14 mm) ; grappes à 2-5 fleurs ; feuilles palmatiséquées (=découpées en divisions principales en éventail), à lobes rayonnants. [L'extrémité des rameaux forme une masse globuleuse de feuilles emmêlées, comme les doigts repliés des mains jointes.]

  • Corolle assez petite (10-14 mm), à lèvre supérieure entière et une fois plus longue que le palais, l'inférieure plane et étalée ; éperon presque aussi long que la corolle ; utricules portées sur des feuilles très petites à 1-3 lobes, elles-mêmes toujours regroupées sur des rameaux spécialisés : U. intermedia ou U. ochroleuca
  • Corolle petite (6-10 mm), à lèvre supérieure émarginée et aussi longue que le palais, l'inférieure à bords un peu réfléchis ; éperon réduit à une petite bosse peu apparente ; utricules portées [généralement] sur les feuilles toutes conformes : U. minor ou U. bremii

Utricularia vulgaris L.

Plante vivace, assez robuste, à hampe longue de 10-30 cm ; feuilles grandes, ovales ou oblongues dans leur pourtour, pennatiséquées, à lanières nombreuses, multiséquées, capillaires, denticulées-spinuleuses [= presque épineuse], munies d'utricules ; fleurs d'un jaune vif, 3-12 par grappe ; pédicelles d'un rouge brun, dressés à la maturité ; calice d'un rouge brun, à lobe supérieur ovale-lancéolé, l'inférieur largement ovale et échancré ; corolle de 15-18 mm, à lèvre supérieure entière, égalant le palais étroit et faiblement strié, l'inférieure à bords réfléchis ; éperon conique, égalant la moitié de la corolle.

Étangs, marais, tourbières, dans toute la France. Toute l'Europe ; Asie, Afrique et Amérique boréales. F. mai-septembre.

Utricularia neglecta Lehm.

Voisin du précédent. Plante vivace, plus grêle, à feuilles moins grandes, divisées en lanières plus fines et munies d'utricules plus petites ; fleurs d'un jaune vif, 3-8 par grappe ; pédicelles d'un rouge pâle, ainsi que le calice ; celui-ci à lobe supérieur ovale-oblong, l'inférieur largement ovale ; corolle de 15-18 mm, à lèvre supérieure entière, une fois plus longue que le palais large, saillant, marqué de nombreuses stries orangées, l'inférieure large, plane et étalée ; éperon conique, égalant environ la moitié de la corolle.

Marais et étangs, dans le nord, l'ouest et le centre, jusque dans le Puy-de-Dôme ; Alpes-Maritimes. - Europe centrale et boréale. F. juin-septembre.

Utrirularia intermedia Hayne.

Plante vivace, grêle, glabre,aquatique ou amphibie (plante flottante ou rampante), à hampes de 10-20 cm ; feuilles courtes, de deux formes, les unes ovales ou en rein dans leur pourtour, palmatiséquées, dressées, distiques, sans utricule, les autres réduites à 1-3 lobes terminés par une grosse utricule [ces feuilles spéciales sont toujours portées par des rameaux distincts, diaphanes, qui plongent vers la vase] ; fleurs d'un jaune pâle, 2-5 par grappe ; pédicelles dressés à la maturité ; calice à lobes ovales-aigus ; corolle de 10-14 mm , à lèvre supérieure entière et une fois plus longue que le palais strié d'orangé, l'inférieure plane et étalée ; éperon conique, ascendant, presque aussi long que la corolle.
Voir U. ochroleuca

Marais et fossés, çà et là dans l'ouest, le centre, le nord et le nord-est ; Pyrénées-Orientales ; Europe centrale et boréale ; Asie et Amérique boréales. F. juin-septembre (rare)

Utricularia ochroleuca R. Hartman

Cette espèce, mal connue, est de découverte récente et anciennement considérée comme une forme d'U. intermedia Hayne.
Elle en diffère par ses fleurs plus petite, un éperon plus court et surtout par l'extrémité des lanières foliaires aiguë et non nettement obtuses comme U. intermedia. [mais les deux possèdent un poil à l'extrémité des dents. D'après mes observations, elles sont faciles à reconnaître à l'œil nu car les lanières foliaires d'U. ochroleuca présente une dentelure très marquée, comme de minuscule coups de ciseaux de biais alors que chez U. intermedia ces dents ont un aspect moins aigu. Précédemment, j'avais écrit dans cet  article qu'elles étaient difficiles à distinguer mais, en fait, j'avais deux formes différentes de U. intermedia, observant des différences, subtiles mais nettes, au microscope. L'une avait des poils mesurant plus de 6-7, parfois 10 ou 12, fois leur base tandis que l'autre les avait plus courts, souvent 2-3 fois cette base (celle-ci étant identique dans les deux "formes"). Il faudrait donc étudier les plants à votre disposition... Veuillez bien me contacter dans ce cas !]

Calice bilabié à lobes ovales-aigus presque égaux dont l'inférieur est bifide ; la corolle (8-10 mm de long), également bilabiée, est fermée à la gorge par une protubérance arrondie et prolongée en arrière par un éperon conique obtus (4-5 mm de long) bien plus court que la lèvre inférieure étalée de la corolle.
Répartition : France : Franche-Comté, Lorraine, Aquitaine (découverte en 1999 à Mées, Landes) ; signalée en Basse-Normandie (à confirmer).
Europe : Norvège, Danemark, Suède, Finlande, ex-URSS, Pologne, Irlande, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Belgique et Luxembourg, Allemagne, Suisse, Autriche, ex-Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie, Italie.
Jusqu'à 800 m d'altitude environ.

u.ochrol.gif (3311 octets)

Utricularia minor L.

Plante vivace, très grêle, à hampes de 5-11 cm, feuilles courtes glabres [en culture j'ai obtenu des feuilles de 2 cm mais dès que la place manque les nouvelles feuilles raccourcissent à environ 5-6 mm], toutes de même forme [en réalité lorsque l'eau se transforme en boue, en été, des rameaux couverts seulement d'utricules apparaissent ! un peu comme ceux, constamment présents, de U. intermedia] ovales ou arrondies dans leur pourtour, palmatiséquées, étalées en tous sens, munies d'utricules très petites ; fleurs d'un jaune pâle, 2-4 par grappe ; pédicelles réfléchis à la maturité ; calice à lobes largement ovales ; corolle petite (6-7 mm) , à gorge entrouverte, à lèvre supérieure émarginée, égalant le palais un peu strié, l'inférieure ovale, étalée, à bords un peu réfléchis ; éperon très court, réduit à une bosse obtuse, non visible sur le sec [en herbier].

Utilisée pour ce fond d'écran (posée directement sur le scanner, avec un peu d'eau et une plaque de verre !)

Landes et marais tourbeux, dans presque toute la France. - Europe, surtout centrale et boréale. F. juin-septembre.

[Cette plante n'aime pas les eaux profondes et abonde dans les zones formée d'une boue tourbeuse très acide, dont la température de surface peut devenir vraiment très élevées et dans laquelle elle a surtout, ainsi, peu de concurrence ; floraison très rare]

Utricularia bremii Heer.

Identique à U. minor mais plus robuste, à corolle longue de 8-10 mm, à lèvre inférieure arrondie et à bords ondulés-plissés (U. BREMII Heer.).

[Sur le spécimen que j'ai observé, les feuiles sont longuement incurvées le plus souvent vers l'avant alors que c'est vers l'arrière pour les U. minor que j'ai rencontré. Si vous avez des remarques...]


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