| Principaux symptômes, causes et remèdes
Veuillez lire la totalité et ne pas vous arrêter au premier cas qui vous semblerait adéquat.
 Feuilles jaunes puis noires parmi d'autres normales, feuilles naissantes en formation au centre : tout est normal, les jeunes feuilles remplaceront les plus anciennes. Couper les parties mortes (au début, seulement le piège). Si la plante est vigoureuse et la saison propice, couper aussi les feuilles qui n'ont plus de piège car, en réaction, la plante fera de nouvelles feuilles. Ce traitement est le même pour tout piège mort, détériorer, etc. On retire le reste de la feuille s'il y en a d'autres pour assurer la photosynthèse en attendant le remplacement complet. Dans le cas contraire ce serait bête d'enlever le peu qui reste. 
Feuilles jaunes puis noires MAIS il n'y a pratiquement pas de feuilles naissantes ou elles ne se développent pas en longueur : normal (et même obligatoire) SEULEMENT en période de repos annuel (au moins un mois en automne-hiver). Laisser la plante réduire son activité avec la température et la conserver au frais, la "terre" à peine humide, jusqu'au redémarrage de la croissance au printemps. Couper bien sûr les parties mortes toujours susceptibles "d'attirer" les moisissures, mais en laissant la partie vivante près du rhizome .
 La pointe repliée des jeunes feuilles est noire et morte : feuilles avortées pour diverses raisons liées à l'eau (air vraiment très sec, rupture dans l'alimentation en eau, eau de mauvaise qualité). Cela peut arriver sur une seule feuille et on peut admettre qu'il s'agit de la racine immédiatement sous celle-ci qui est en cause. Dans ce cas ce n'est pas grave. Si c'est généralisé, que le substrat est poisseux, voir ci-dessous à "Croissance lente, aspect maladit..."
Feuilles bien vertes mais flétries, qui semblent manquer d'eau, alors que le substrat est resté toujours humide :
- hors hiver, la plante a quand même manqué d'eau et c'est grave car les racines sont donc tout simplement détruites ! Cela se produit en cas d'attaque par des champignons (rare), d'insectes, ou par décomposition du substrat à cause d'une eau calcaire, d'ajout d'engrais, de température excessive...
- en hiver : le gel peut tuer les feuilles sans aucune autre trace que ce flétrissement si elles n'étaient pas gonflées d'eau avant. Si elles n'en manquaient pas, voir "Feuilles translucides en hiver".
Feuilles translucides en hiver : feuilles qui ont gelé. Des tissus sont détruits par les aiguilles de glace et en fondant il ne reste que des cellules liquéfiées. Laisser au frais mais enlever bien sûr ce qui s'avère irrécupérable, en attendant le printemps. Réduire alors progressivement les feuilles restantes abîmées, pour accélérer la production de nouvelles, jusqu'à finalement leur retrait complet. Si le pot est de petite taille et toutes les feuilles sont atteintes, votre plantes est sans doute morte...
Ce que vous ne saurez .
Feuilles bien vertes déformées mais sans "trous" : pucerons.
A noter que vous ne les avez pas forcément vu car ils se blotissent très tôt au printemps dans la pousse en partie enfouie. Si vous avez traité toutes vos plantes parce que vous en avez vu sur d'autres, alors vous ne verrez même jamais les responsables de ces déformations... Le problème est, évidemment, exactement le même aves la hampe florale.
Feuilles bien vertes mais déformées, avec zones manquantes : sans doute chenilles.
 Feuilles légèrement déformées seulement au niveau des pièges. Les feuilles plus anciennes sont de forme normale mais tout d'un coup les nouvelles présentent des pièges déformés et/ou de longueurs de dent variables et/ou inhabituellement très arqués ou longs. Les feuilles colorées peuvent avoir aussi des altérations à ce niveau. Si vous avez traité vos plantes (en particulier de fongicides) dans les semaines qui précèdent, il y a des chances que ce soit un effet secondaire. Il n'y a rien à faire sinon surveiller ou retirer ces feuilles à la seule condition que la taille et la vigueur soient suffisantes.
Feuilles déformées avec zones tachetées d'un vert plus clair à vert-jaune : cela se produit notamment lors de températures trop élevées (>36 °C) sur une période longue.
Selon l'état, on laisse en l'état, on enlève quelques feuilles... Au pire, traitement d'urgence.
Feuilles ayant des zones couleur bronze : on peut dire effectivement qu'elles ont bronzées avec le soleil ! Ce phénomène se produit lors d'une trop brutale exposition au soleil. Une plante resté quelques jours à l'intérieur ne doit pas être replacée en plein soleil sans transition de quelques jours à l'extérieur mais à l'ombre. Pas grand chose à faire. Éventuellement, enlever quelques feuilles brulées si elles masquent des feuilles saines au-dessous.
Les nouveaux pièges ne sont plus rouges : la Dionée n'aime pas du tout pousser en appartement ! Placez-la dehors s'il n'y a pas de risque de gelée, d'abord au nord d'une plante plus grande pour éviter les coups de soleil. Attention à un air trop sec ou une surchauffe : surveiller la croissance des jeunes feuilles.
Autre cause possible : un trop grand nombre de proies digérées. Voir page "La nutrition chez les plantes carnivores".
Croissance lente, aspect maladif, "terre" onctueuse, compacte, racines anormalement courtes (3 cm ou moins en fin de croissance, sur un plant mature) : décomposition du substrat, ce que vous appelez la terre et qui n'en est pas. Les racines étouffent. Cela est dû à une eau calcaire (des traces finissent par donner le même résultat à la longue) ou un substrat trop ancien ou encore à l'usage d'engrais. Vous avez peut-être rempoté avec du terreau ordinaire ? Il faut changer le substrat impérativement quelle que soit la saison. Le phénomène peut aller jusqu'au stade suivant.
Arrêt de la croissance,
la plante ne tient presque pas au substrat... En tirant à peine, on se rend compte qu'il n'y a presque plus de racines. La disparition de celles-ci peut avoir diverses causes mais il y en a une à ne pas négliger, c'est la présence de larves de sciarides, qui s'en nourrisent, tout comme de feuilles trainant au sol - chez les Pinguicula ça ne loupe pas... Elles propagnent aussi les moisissures, les maladies en tout genre. Si vous voyez de petits asticots se promenant en surface, ainsi que de microscopiques moucherons, ne les voyez pas trop comme des proies potencielles mais plutôt comme des ravageurs. Il ne vous reste qu'à vaporiser un insecticide systémique sur toutes les plantes, éventuellement un aérosol en milieu clos pour tuer les adultes volants. Voir Pests -- Fungus Gnat Larvae sur le site de l'ICPS.
Arrêt de la croissance, feuilles centrales brunes qui se détachent facilement : aïe ! c'est une pourriture du rhizome. Voir traitement d'urgence.
Feuilles "fantaisistes", comme des feuilles de salade (sans piège), des crêtes sur le dessus, des divisions : la formation d'une feuille est complexe, il en faut très peu pour qu'elle se dérègle. Le phénomène est transitoire et concerne le plus souvent entre une et quatre ou cinq feuilles. Des facteurs combinés interviennent comme un excès de sels minéraux, une chute de la lumière, des écarts thermiques important, la génétique de la plante également car certaines variétés sont plus sensibles. Les hormones utilisées en culture in vitro peuvent provoquer des effets à long terme sur l'expression des gènes et certaines feuilles prennent cet aspect "primitif" ou incomplet (voir photo).
  Pièges doubles, feuilles ramifiées : la nervure centrale, au lieu de rester simple, se divise une ou plusieurs fois et ce, absolument à n'importe quel niveau. Très bas, il passera inaperçu et on verra au mieux deux feuilles attachée sur la même base très large, Très haut, il y aura juste une anomalie du piège qui va d'un discret repli à l'extrémité de la feuille juste entre les lobes. Un peu plus bas le repli se creuse, prend l'aspect d'un "V". Ce "V" peut être encore plus marqué et long, descendre jusqu'a l'attache en donnant donc deux pièges siamois. n'importe quelle ramification peut avorter et ne donner qu'une nervure supplémentaire terminé éventuellement par un pointe. Le phénomène est sans conséquence et plutôt amusant, lié aux écarts de températures. Il se produit quand elles sont élevées le jour mais fraîches la nuit. La serre bachée est donc plus favorable que celle en verre... Mon interprétation (à prouver) est que le substrat restant plus chaud que l'air ambiant qui a fraîchi pendant la nuit, il continue a approvisionner l'embryon de feuille (plus spécialement le méristème en croissance) ce qui a pour effet d'en augmenter la taille de manière anormale. Cette croissance explosive, bien qu'à petite échelle, peut avoir pour effet l'apparition de la ramification des vaisseaux conducteurs, un peu comme si les excédents devenaient indépendants.
Mon record actuel fut atteint en juillet 2003, avec la variété "Multisensitive" (photos N°1).
Le pot contenait une feuille à deux pièges (repère 1 sur la photo agrandie), une feuille avec piège dédoublé jusqu'au milieu (2), une feuille avec un piège normal plus un piège avorté (4) et surtout une feuille extraordinaire (3) décrite ci-dessous !
La photo N°2 montre cette troisième feuille en détail. Elle a deux pièges, le premier normal plus bas que le second qui est, lui, subdivisé en trois en haut puis encore en deux au milieu pour finir par un seul, "normal", en bas !
La photo N°3 présente une très belle feuille de la variété "Fang", double, obtenue en début de saison.
Les photos suivantes, plus anciennes, montrent quelques bizarreries diverses...
Certaines feuilles sont ternes et comme striées de brun rouge, avec des zones qui semblent formées par des constellations de points microscopiques : regardez très attentivement les feuilles (sur les pièges en particulier) et vous les verrez sans doute courir ! Ce sont de minuscules acariens rouges. Si la plante est vigoureuse, il faut couper les feuilles touchées et les détruire. Un traitement avec un acaricide est la suite logique. Ces produits ont également, assez souvent, une action insecticide et on peut avoir intérêt à n'acheter qu'un seul produit...
 Agrandir ! Les fleurs noircissent sans donner de graines : il est normal que le dessus de l'intérieur de la fleur noircisse. Si cela se produit à la base renflée (ovaire) et a fortiori au niveau du pédoncule QUELQUES JOURS SEULEMENT APRES LA FANAISON, c'est que la fleur n'a pas été fécondée à temps. Si le noircissement commence par la hampe c'est qu'il y a une attaque par un champignon (moisissure) suite à une blessure - elle est plus sensible qu'elle ne paraît. En revanche, si une fleur s'est renflée légèrement et élargie, vous pourrez récolter les graines. Si la fleur noircie avant son ouverture c'est que les conditions de culture ne sont pas bonne (au niveau du sol et de l'eau en particulier) comme pour la feuille mais plus rapidement. Voir article sur la reproduction de la Dionée.
Marbrures couleur café au lait
Je fais pousser des Dionées depuis 1987 et j'ai observé très tôt certaines altérations de la couleur verte, comme un peu les feuilles panachées, sauf que la feuille meurt plus vite. Elle devient marron et non pas noire comme à l'accoutumé, ou plutôt se couvre de marbrures très bizarres café au lait sans cause apparente. Si elle n'en crevait pas lentement, ce serait plutôt joli  .
 Voir d'autres photos dans la galerie. La première fois, c'était sur des boutures de mon premier plant. J'avais attribué cela à un substrat dégradé car je l'avais un peu délaissé avec l'arrivée de plants bien plus beaux. Le remplacement du substrat n'a jamais rien changé.
Le phénomène se produit en commençant un peu en dessous du piège mais le cœur de la rosette se porte bien.
Progressivement j'ai également observé quelques cas chez d'autres variétés. J'ai fouillé les racines et il n'y avait pas de nématodes, la tourbe était fraîche et intacte...
J'ai essayé un traitement massif avec deux fongicides complémentaires (du Benlate et un autre anti-oïdium) sans résultat... De toute façon, le phénomène est très lent, rien à voir avec une attaque classique de moisissure.
Je pense de plus en plus qu'il s'agirait d'un virus spécifique transmis depuis des plants prélevés dans la nature car les fongicides ne semblent pas très efficaces. En effet les graines ont la particularité remarquable de ne pas transmettre de virus. Un autre point est que, depuis, d'autres espèces n'ont pas été infectées. Ma première Dionée remonte à une époque où il n'existait pas toutes ses variétés et sélections et il doit s'agir d'un clone sauvage multiplié in vitro. Je suspecte une transmission par les pucerons et les ciseaux lors de la taille des feuilles ou des hampes florales et depuis longtemps maintenant je casse les feuilles à la main. Il existe un clone ainsi panaché que je n'ai pas encore à l'heure où j'écris ces lignes : je crains qu'il ne s'agisse de ce problème et je vous conseille d'être prudent si vous en obtenez une. Merci de me contacter car il y a des expériences à réaliser...
En été 2004 ce phénomène était si remarquable avec deux plants de grande taille de "Fine Tooth x Red", dans des pots séparés, que j'ai pris des photographies. Un autre plant plus petit était intact, l'ensemble étant issu d'une même plante, bien sûr.
Une température de fin d'été et une humidité idéale, pas d'insecte ni d'acarien, l'hypothèse du virus est très probable.
Cas graves : le traitement d'urgence
L'essentiel est de comprendre que les parties risquant de propager le mal ne doivent pas faire périr ce qui reste de sain, qui pourra régénérer une plante entière, souvent plusieurs.
Il faut donc tout déterrer et enlever TOUTES les parties mortes.
Les puristes utilisent une lame de cutter passée à l'alcool et essuyée à chaque coupe, car les parties brunes peuvent être envahies par un champignon qui ne demandera qu'à se propager... Un passage à la flamme serait encore mieux mais vous risquez de détremper le métal et fondre le fil de la lame : il ne coupera plus. Il faut savoir qu'une Dionée dans de bonnes conditions de culture n'est JAMAIS attaquée par un champignon, sauf peut-être la hampe florale. Cette exception est, je pense, dû à une sève montante très sucrée, très riche, bien plus que partout ailleurs. Autrement dit, désinfecter le matériel pour une Dionée ne m'apparait pas nécessaire. (Ce serait essentiel pour un Darlingtonia par exemple.)
- Les racines mortes se distinguent des vivantes par leur absence complète de toute rigidité mais autant les laisser car c'est sans conséquence : enlever accidentellement des racines saines est bien sûr préjudiciable.
La présence de racines ayant une extrémité blanche est de très bon augure : elles sont en croissance, pour remplacer les mortes. Faite attention, elles sont très cassantes.
- La partie aérienne des feuilles est morte également si elle est sans rigidité mais cette fois il faut l'enlever pour une raison simple : elle favorise la perte d'eau et si les racines ne sont pas capables de la fournir, la plante ne pourra pas se régénérer. Si cette partie n'a plus de chlorophylle bref est devenu jaune elle n'apportera plus d'énergie mais peut fournir encore des sels minéraux s'il n'y a plus d'autres feuilles vertes.
- La partie souterraine des feuilles est morte quand elle est noire ou grisâtre au lieu de blanche ou rose. Les "morceaux" transplantés ne doivent plus du tout avoir de parties brunes : coupez-les.
La plante restante, qui peut se ramener à une feuille saine et une racine à la base, devra passer un ou deux jours (pas plus) dans un fongicide, puis être transplantée dans un substrat neuf. Il n'est pas nécessaire d'en mettre beaucoup et s'il est systémique (largement préférable) ce n'est pas important si toutes les feuilles malades ne trempent pas, du moment qu'elles ne restent pas déshydratées.
Si la plante était vraiment en mauvais état, il faudrait la maintenir au moins une semaine "sous cloche" c'est-à-dire en atmosphère humide et revenir progressivement aux conditions habituelles. Cela sert à éviter la déshydratation des tissus, qui peut être irrémédiable.
Ne jamais réutiliser le fongicide de trempage : ce serait une catastrophe en cas de souche de champignon résistante. Si vous voulez éviter le gaspillage, voire la pollution par les déchets, il suffit de mettre juste la quantité necessaire à l'opération.
Articles complémentaires
Nature et propriétés des substrats, Tableau synthétique pour la culture.
Bon, si avec tout ça vous sauvez votre plante, vous pouvez envoyer un petit mot, ça fait toujours plaisir :-) |
