Mes trucs de culture
pour
la Dionée

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Mise à jour : samedi 18 décembre, 2010


Depuis 1987, j'ai accumulé pas mal d'observations et de déductions sur ce qu'il valait mieux faire pour sa culture. Comme mes plantes ont étonné même des professionnels, je vous les propose ici bien volontiers ;-).

© 2008 CarniBase

Vous avez sûrement vu sur le Net des photos de plants extraordinaires, avec des pièges énormes. Il faut savoir que les plus gros pièges s'obtiennent par des manipulations à visée "commerciales" : les plantes sont dopées avec de l'engrais (avec des granules type Osmocot ou peut-être foliaire) et surtout subissent un choc thermique : un passage basse température provoque la formation de pièges plus grands... le temps de la vente ! Je pense par exemple à des photos de la variété "Red Piranha" que j'ai pu voir. Cela fait bien des années que je la cultive et ses pièges sont naturellement de belle taille mais sans plus.
Effectivement, j'obtiens mes plus gros pièges au début du printemps (la troisième ou quatrième feuille qui apparaît).

N'oubliez jamais qu'une plante vigoureuse régénère instantanément les feuilles retirées. C'est un équilibre hormonal qui provoque cela. Le repos hivernal stoppe le phénomène mais cela repart de plus belle dès la remontée des températures Je ne serais pas étonné d'apprendre que des "horticulteurs de l'extrême" réduisent la partie aérienne lors de leurs manipulations, afin d'obtenir une repousse puissante.

Ces formes élégantes sont remarquables par la vigueur de leur rhizome, très robuste et prolifique. La base des feuilles (le vrai pétiole) est plus large également. Toutefois, sans "bricolage" j'arrive fréquemment à avoir des pièges de 4 cm (sans les dents) avec des formes rouges classiques, une forme verte, une filiformis large, etc.

Record 2009 du plus gros piège de Dionée

J'ai gagné le concours international 2009 du plus gros piège de Dionée, le CPUK Biggest Trap competition. Il a été question parfois de pièges de 5.4 à 6 cm mais il n'y a jamais eu de preuve apportée... En voici une à 5.15 cm

Il me semble que certaines formes non déclarées comme formes géantes auraient subi tout de même une augmentation analogue du nombre de gènes : même en les nourrissant, la forme type n'arrive pas à de tels résultats.

Pour garantir un cycle complet fermeture/digestion avec un insecte déjà mort, il suffit de pincer le piège après sa fermeture : cela va faire bouger les poils sensitifs à l'intérieur, comme si l'insecte bougeait encore. Ensuite, le processus sera normal (enzymes, etc.) Vous finirez par vous rendre compte que ce pincement est souvent facultatif avec les animaux morts mais frais. Si la proie est sèche depuis des mois, l'idéal est de l'humidifier en le pinçant d'abord dans l'eau et même en l'écrasant sous l'eau entre vos doigts. Cela solubilisera les matières organiques qui activent la phase 2 de fermeture (voir document Flash sur le sujet) puis la digestion. Les pièges ne se rouvrent pas avant la fin.

Le truc que j'avais donné à l'origine était d'attendre 5 à 10 mn avant de pratiquer le pincement mais, souvent, une pression assez forte juste après la fermeture et en utilisant un aliment humide suffit à enclencher la deuxième phase puis la digestion. Faites quand même attention à ne pas abîmer le piège en serrant trop fort. (Pour des explications détaillées sur les mécanismes en jeu : document en Flash.

Pour obtenir de très belles plantes :

  • Respecter les règnes de bases de leur culture : pour la Dionée, il faut une eau non-calcaire, une "terre" formée en réalité de tourbe blonde pure (ou, mieux, complétée d'un allégeant comme la perlite, la verniculite, le polystyrène), des températures plutôt hors gel mais en dessous de 37°C, réserver la fermeture des pièges au nourrissage de la plante exclusivement.
  • A l'arrivée des Dionées, si vous n'avez pas le temps de rempoter soigneusement, ne commetez pas l'erreur de les laisser quelques jours dans l'eau pure. Les feuilles en croissance vont noircir à la pointe, puis très vite le rhizome va prendre des teintes noirâtres dans la masse, un peu comme des dents cariées, enfin la croissance s'arrêtera immédiatement. C'est impresionnant la vitesse à laquelle elles peuvent mourrir ! C'est une des pires choses qui puissent arriver, avec le gel, car les feuilles ne seront souvent plus capables de bouturer et vous perdrez le clone. Pour une seule journée, laissez le rhizome à l'extérieur de l'eau. Prenez plutôt une tourbe bien trempe, placez-la dans un pot lui-même dans un bac rempli d'eau lui-même, faites un trou avec les doigts et placez le rhizome, remuer la tourbe autour, finalement retirez le pot du bac. L'eau en s'écoulant va reserrer la tourbe autour des racines et aspirer l'air par le haut. C'est long à expliquer mais c'est très rapide. En fait, ce rempotage serait parfait s'il n'avait pas l'inconvénient d'abaisser la hauteur du subtrat ce qui entraine le plant vers le bas où il y a moins de lumière. C'est aussi un bon test pour votre tourbe car plus elle est fibreuse, meilleure elle est, et il se trouve que la vitesse d'écoulement aaugmente aussi... Évidemment, ne pas faire l'essai avec un allégeant incorporé...
  • Si le niveau de l'eau doit être au minimum de 2 cm, vous vous rendrez compte qu'il vaut mieux qu'il soit beaucoup plus haut. Moi je compterais plutôt 2 cm... sous le rhizome ! ce qui fait une sacrée différence. Les racines de Dionée vivent parfaitement dans du substrat gorgé d'eau s'il est récent mais pas dans l'eau pure. 2 cm sous les racines est sans doute l'idéal, elles ne sont pas dans l'eau donc les gaz circulent bien. Je ne partage donc pas l'avis de certains au sujet de la taille du contenant. Des récipients de 40 x 40 x 40 par exemple, sont beaucoup trop haut SAUF le niveau de l'eau respecte ce qui précède, ce qui ferait tout de même pas loin de 30 cm immergé... Ce type de dimension est parfait pour les Sarracenia et les conseils des professionnels concernent davantages ces derniers mais leurs racines atteignent facilement entre 30 et 40 cm.
  • Ne jamais nourrir les plus beaux pièges, ils resteront tachés, déformés voire brunis (tissus morts).
  • Nourrir abondamment (à en crever !) ceux qui sont les moins intéressants, c'est-à-dire mal placés, mal formés, trop petits, très vieux, etc.
  • Ces plantes sont nourries de telle manière qu'aucune ne reste sans le quart des pièges en digestion. Au delà, c'est réservé à la croissance "forcée" des jeunes plants.
  • Les plantes qui sont ainsi engraissées sont plus grosses mais sont moins colorées au niveau du piège même en plein soleil. Ce n'est donc pas tant la lumière qui produit le rougissement de la Dionée mais plutôt un rapport "lumière/matières premières" élevé. Cette remarque ne concerne pas les plantes entièrement rouges génétiquement comme Akai Ryu, Royal Red, Red Piranha, etc.
  • Une lumière faible empêche beaucoup les déformations typiques de certaines variétés inconstantes (Fused Tooth, Funnel Trap...)
  • Une lumière faible produit des plantes avec un vert plus foncé, contrairement à ce que l'on pourrait croire, car la plante réagit en augmentant le nombre de chloroplastes pour compenser. La conséquence est que les variétés jaunes (Yellow...) doivent être en plein soleil sous peine de ne voir aucune différence.
  • Couper tout ce qui est "inutile" : fleurs (le plus tôt possible), pièges endommagés, vieillissants, limbes sans piège ou tordus - sauf dans le cas de boutures un peu faibles.
  • Ne pas laisser non plus trop longtemps les nouvelles pousses annexes : en les enlevant, toute l'énergie, la nourriture, l'espace racinaire ne profite qu'au seul plant "père" : ne pouvant déverser le trop plein dans une ramification, il est bien "obligé" de faire de gros pièges ;-).
  • Traiter contre les insectes fin février avec un insecticide systémique car de minuscules pucerons se cachent au coeur des jeunes feuilles : ils provoquent des déformations définitives pendant la croissance. A cette époque de l'année, les prédateurs ou les abeilles sont encore endormis et vous perturbez moins le milieu que plus tard... trop tard en plus pour vos plantes. S'il s'agit d'un Sarracenia, vous risquez bien de garder cette diformité pendant des mois, plus encore pour un Heliamphora. Ne laissez pas pousser un tel piège : coupez-le et il se régénèrera.
  • Ne jamais placer en plein soleil une plante qui est restée à l'ombre plus de trois ou quatre jours (ex. échange par la Poste) car vous brûleriez les tissus.

Les Dionée géantes le sont vraiment mais le piège d'un plant mature n'est pas forcément plus grand que celui d'un plant non géant : il est "juste" systématiquement de belle taille et donc à plus de chnace d'atteindre les extrêmes. La croissance est au moins deux fois plus rapide. Division annuelle des plants adultes obligatoire (du moins les formes prostrées) sinon le pot de 12 cm est "rempli", les pousses sont de plus en plus serrées et donc les feuilles petites ...

Anecdote que je répète à chaque exposition : on me demande souvent avec quoi je nourris mes Dionées ; depuis plusieurs années, j'utilise les nombreux cadavres d'abeille que j'ai obtenus une année. Un nid s'était installé dans les combles et, après les deux passages des pompiers, j'en ai ramassé plus d'un millier. Quelquefois, je n'utilise que la tête ou l'abdomen. Les pattes conviennent très bien pour les Drosera pygmées. Avec les gros pièges j'en mets deux à l'aise ;-).

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