Signes
révélateurs
Petits amas plus ou moins sphériques, nettement gris, de deux, trois millimètres de haut, avec visiblement des sporanges (petites sphères bourrées de spores, surtout à ne pas secouer) : c'est la redoutable Moisissure Grise (Botrytis cinerea). |
Attaque
classique de Botrytis aux premières chaleurs du printemps. La victime, ici, est Drosera
capensis, plante banale voire envahissante en culture. Il faut impérativement et
largement enlever ces feuilles atteintes, avec le moins de mouvements d'air possible : les
spores infesteraient l'environnement ambiant chaud et humide. Elles germeraient ensuite sur
d'autres plantes comme Drosera filiformis. Celle-ci est plus fragiles et ne repart
pas à partir des racines : la plante est souvent perdue. |
Taches blanchâtres sur des Sarracenia, comme formées de farine, de sucre glace, avec un aspect
plus ou moins velouté : Oïdium. Les photos ci-dessus montrent ce type d'attaque sur des urnes de Sarracenia.
A gauche c'est un début d'attaque, le traitement est facile.
A droite, il s'agit de la base d'une autre urne, la plante est morte et le champignon continu de s'en nourrir. |
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Les taches rouilles sur des Darlingtonia sont aussi très souvent dues à un Oïdium. Les taches ne sont pas blanches car le champignon se développe plutôt à l'intérieur, milieu beaucoup plus propice. Ce que l'on voit à l'extérieur représente les tissus morts ; le mycéllium duveteux est bien visible en fait à l'intérieur de l'urne. Il est important de distinguer ces taches rouilles, présentes n'importe où sur la plante y compris le rhizome, et les taches plus sombres, plus grandes, qui sont la marque des pièges qui arrivent en fin de vie par "indigestion". Chez cette espèce, les vieux pièges sains tendent plutôt à jaunir ou même rougir et peuvent persister très longtemps sans dépérir. |
Une teinte rouille du bourgeon central, de la base tendre des feuilles qui se
détachent facilement, du rhizome (ce n'est jamais sa couleur normale !) : attaque d'une
moisissure sans phase de reproduction sexuée. En clair, cela veut dire que les tissus de votre
plante sont envahi par des filaments microscopiques (le mycélium) qui pénètrent au coeur des cellules et les
digèrent lentement : dans certaines conditions, les filaments sortiront de la plante pour produire
des spores et montreront alors clairement les autres signes (qui permettront alors de déterminer
l'espèce). Chez les champignons supérieurs ce sont ces parties reproductrices que nous mangeons. |
La fonte des semis (le nom est assez explicite...) est due à l'attaque du collet
(zone de transition entre la tige et la racine) des plantules. Le responsable est encore une autre moisissure, Phytophtora
cinnamoni. |
Une moisissure noire, en couche très fine, apparaît parfois sur les
Sarracenia, ou même sur le bord des pièges de Dionée, coté interne. Elle ne se nourrit que du nectar, sucré, sécrété par les feuilles : l'excédent
est dilué normalement par la pluie mais en
serre il s'écoule lentement avec la condensation, fréquente. Elle est inoffensive, inesthétique et limite à peine la photosynthèse de la plante support. Il pourrait s'agir de Gloeodes sp., responsable de diverses salissures appellées tache de suie ou maladie de la suie. L'idéal reste la prévention, en vaporisant de temps en temps de l'eau tout simplement. Une fois installée, on peut essayer de s'en débarrasser par lavage (éventuellement
frotter légèrement avec une vieille brosse à dent ou un pinceau neuf) puis en appliquant un fongicide,
après séchage naturel par exemple le lendemain. Frottez vraiment doucement : après séchage j'ai été surpris de retrouver les couvercles ternis irrémidiablement. (Pour une fois un fongicide ordinaire (non systémique) peut convenir car le champignon est
très localisé et en surface). |
Méfiez-vous
des attaques pernicieuses sans manifestation extérieure
Tout
arrêt de croissance anormal mérite un examen attentif. Les rhizomes de Sarracenia,
Darlingtonia, Cephalotus, etc. deviennent rouilles à l'intérieur (au lieu de jaune très pâle) et friables. Il ne faut pas hésiter à contrôler l'état du rhizome au moindre doute. |
- Il faut immédiatement jeter toutes les parties atteintes et traiter sur plusieurs
jours.
- N'oubliez pas que le champignon progresse à partir d'un point initial, enlevez
donc à la main toutes les parties atteintes en remontant jusqu'aux parties saines. C'est crucial
pour Darlingtonia californica, Cephalotus.
- Continuez en suite avec un instrument pas trop coupant ou pointu, comme des
ciseaux arrondis car vous risqueriez de blesser une partie saine et l'infecter en profondeur.
- Après rinçage, prenez un couteau cette fois bien coupant et retirez encore
un peu de la plante, par sécurité. Pratiquez des coupes franches - pas de creux...
- Traiter avec un fongicide, "obligatoirement" systémique. N'hésitez
pas à tremper les coupures dans la poudre - comme pour certaines hormones de bouturage. Vaporiser
le reste de la plante en un fin brouillard (ne pas faire ruisseler, recommencer plutôt le lendemain...)
Un deuxième traitement suivra, selon la gravité, au bout de une, deux ou trois semaines.
Signes
révélateurs : (fausses) "moisissures", résistantes
aux fongicides
Malgré toutes les précautions, il n'est pas rare, en extérieur, que des sels se concentrent en surface : ils forment des concrétions millimétriques
sphériques et s'effritent en faisant un bruit pierreux (voir échantillon scanné). C'est un
signe qu'il est temps de changer le substrat (recycler l'ancien pour des plantes ordinaires). |
Des
espèces de petit filaments "blancs" parcourent parfois le substrat, voire même la
sphaigne ou le rebord des pots. Aucun traitement ne semble efficace pour s'en débarrasser...
Heureusement cela n'a pas l'air d'affecter les plantules... Il ne s'agit pas de moisissure mais tout simplement d'algues
filamenteuses ! Dans ce cas, ces plantes résistent bien sûr aux fongicides (qui tuent seulement
les champignons, dont les moisissures font partie). Ces algues sont inoffensives, juste un peu envahissantes voire recouvrante pour les très jeunes semis, les feuilles minuscules de certaines Utriculaires. Il est peu
vraisemblable qu'elles puissent faire de l'ombre, d'autant qu'elles apparaissent toujours dans les
endroits déjà très éclairés. Comment être sûr de ne pas se tromper ? Voici quelques trucs : |
- Ces algues ne se forment pas en l'absence de
lumière, contrairement aux champignons.
- Elles sont un peu nacrées, quasi incolores à l'oeil nu, leur finesse rend leur couleur légèrement vert-jaune presque invisible. Les moisissures ont une autre couleur, celles qui nous concernent sont plutôt grisâtres.
- Elles parcourent
le substrat plutôt au-dessus de la surface, en pleine lumière et en lignes plus ou moins droites, alors que les moisissures agressives pour nos plantes sont nettement
ancrées dans la matière et en sortent manifestement (pour coloniser le milieu et produire des spores) et leur mycélium se ramifie dans toutes les directions. Il n'y a guère que les sporanges qui sont souvent bien droits mais alors ils poussent en hauteur et on distingue au bout une minuscule masse, remplie de spores.
- Les filaments algaires sont aussi sensiblement
plus épais et plus résistants que le mycélium.
-
J'ai remarqué qu'elles comportent souvent des gouttelettes d'eau, un peu comme les toiles d'araignée,
ce qui ne semble jamais être le cas des moisissures.
Autres
remarques
Il n'y a pas de danger à laisser des plantes (par exemple un
morceau de rhizome) tremper plusieurs jours dans un fongicide, en dehors de l'immersion permanente
pas toujours appréciée... J'ai obtenu plusieurs fois des guérisons avec enracinements en laissant
tremper pendant plusieurs
semaines des plantes (Drosera filiformis, par exemple) très fortement touchées et il y avait deux ou trois fongicides systémiques ensemble !
S'il vous faut utiliser plusieurs fongicides en même temps (forme
résistante), songez que si vous mélangez les solutions vous les diluez mutuellement !
Eh oui, x grammes dans un litre et y grammes d'un autre produit dans un autre litre, cela fait bien
chaque produit dilué dans... 2 litres ! Soit, vous traitez en laissant sécher entre
les produits soit, vous devez tenir compte du phénomène - donc additionner les volumes.
Théoriquement, dans le cas de plante
dont les feuilles se renouvellent vite (comme les Dionées et Drosera en général), il ne faut pas
hésiter à couper les parties atteintes. Mais en général il n'est pas nécessaire de couper au-delà
de 1 cm de la zone. Il faut tout de même laisser à la plante de quoi vivre !
En pratique, on peut aussi attendre un peu après le traitement pour faire ces coupes. Dans ce cas,
s'il y a quelques taches qui semblent insensibles et ne se dessèchent pas, il est impératif de les
enlever et de les détruire car il ne faut pas laisser une seule chance à des formes résistantes
de se reproduire et attaquer d'autres plantes.
Après avoir acheté une plante (carnivore ou non) chez un horticulteur, si vous constatez qu'elle ne pousse pas normalement, soyez extrêment vigilant. Examinez la plante, si possible aussi les racines. En effet, si vous constatez la présence de moisissures sur celle-ci, n'oubliez pas qu'elle provient de chez un professionnel qui traite de manière préventive régulièrement : le risque d'avoir une forme résistante aux traitements classiques est très élevé ! Vous auriez donc beaucoup de mal à vous en débarrasser si elle contaminait votre collection. Les horticulteurs remplacent en général sans difficulté ce type de plante, n'attendez pas.
Il faut comprendre que si le confinement de l'air dans un terrarium
favorise l'apparition de moisissures, le fait de le réduire ne fera pas disparaître celles-ci une
fois installées. Donc, il ne faut surtout pas laisser sécher le terrarium : c'est pire ! Les
feuilles qui étaient habituées à un air plus ou moins saturé en eau perdent alors leur rigidité
(turgescence), leur vigueur, les moisissures peuvent les attaquer plus facilement ! C'est le même
problème que l'on rencontre en sortant la première fois les plantes cultivées in vitro - en plus de l'enracinement délicat.
N'oubliez par qu'il y a un "mini-écosystème" au niveau
du substrat : essayez de le respecter en ne lui infligeant pas de traitement abusif. Des champignons
utiles digèrent lentement les déchets végétaux (ou animaux), nourriront des animalcules consommés
par vos plantes ou détruiront même, quelquefois, les nématodes (vers très fins et très longs qui
attaquent parfois les plantes) : certains champignons sont également carnivores ! (voir schéma de champignons carnivores). De temps en temps vous verrez même sortir un vrai petit chapeau
Voir aussi le paragraphe sur les problèmes occasionnés par les fongicides pour le pollen dans la page sur la reproduction des Sarracenia. |