A la foire de Lörrach, en Allemagne, j'ai fait la connaissance d'un biochimiste allemand, le Dr Jan Schlauer, qui présentait une plante soupçonnée d'être carnivore et qu'il étudiait à l'époque : Passiflora fœdida. Synonymes : Poc-poc - Marie-gougeat - Running pop en anglais - Bejuco canastilla en espagnol (colombie) La passiflore poc-poc se rencontre dans toute l'Amérique tropicale. Cette liane herbacée est aussi commune à la Réunion. Elle s'est même naturalisée en quelques endroits de l' île. La bibliographie nous dit que son fruit est une arille d'un diamètre de 25 mm, qui est comestible - comme la plupart des fruits de Passiflore, cf. fruit de la Passion. Il n'est pas ou très peu consommé. Mûr, il est juteux, de saveur agréable, douce, acidulée et peut être absorbé cru ou transformé en boisson. Il est question aussi d'une odeur forte de la plante qui rebuterait peut-être le consommateur mais je n'ai absolument pas remarqué cela (?) : le plant que j'ai a une odeur banale de verdure... En Amérique tropicale, cette passiflore est quelquefois utilisée comme plante de couverture du fait de son développement relativement rapide. Cette plante ressemble aux autres Passiflores : liane grimpante, vrille, etc. Très velue, certains des poils présentent une gouttellette collante à leur extrémité (voir photos). Ils sont bien plus abondant sur les bractées des fleurs, aux pétales blancs. Il y en a aussi sur les nervures et en bordure de feuille. Une analyse chimique de la plante entière a été effectuée et ont été détectées des enzymes digestifs - ou digestives, dans un style plus "rétro". Le problème est de savoir si ces enzymes sont endogènes ou exogènes, c'est-à-dire s'ils sont synthétisés dans la plante pour être utilisés à l'intérieur des cellules comme de nombreux autres enzymes tels que ceux qui sont utilisés pour digérer les organites cellulaires trop "vieux" (catabolisme) ou, au contraire, destinés à être excrétés à l'extérieur, comme le font les plantes carnivores. Le travail de recherche du Dr Jan Schlauer consiste à tenter d'isoler des tissus stérilisés pour les cultiver, obtenir des quantités importantes de ces sécrétions et déterminer la destination finale des enzymes : à l'intérieur ou à l'extérieur. |
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Lionel Dromard, qui a résidé à la Réunion, m'a envoyé quelques-unes de ces photos. Cette
plante y pousse facilement et très vite, fleurit abondamment et fructifie très bien. Elle devient
subspontanée. Elle supporte assez bien la sécheresse si elle est cultivée en pleine terre. Elle pousse très bien en métropole si on la protége du gel. Ses fruits sont très bons et sont en fait de petits fruits de la passion. |
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![]() Ph. Lionel Dromard |
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Conseil de culture Malgré l'information qui m'a été donnée, à savoir qu'il faut la protéger du gel et sous-entendu qu'elle est vivace, je n'ai pas pu pour l'instant la conserver durant l'hiver. Cette plante ne semble pas entrer en repos : au froid elle meurt et au chaud il lui faut une lumière d'été ! Donc, vous devrez sans doute la semer tous les ans. De plus, si le semis est réalisé trop tard, vos plantes ne donneront que peu de fleurs qui, pire, avorteront ou resteront stériles. Les graines doivent être semées début avril, courent juin c'est trop tard sauf climat privilégié vraiment, méditerranéen par exemple. Heureusement, les graines se conservent au moins trois ans, de préférence au réfrigérateur - expérience personnelle. Pour favoriser la germination, le mieux est de sectionner la pointe de la "coque" coté germe, par exemple avec un coupe-ongle, ce qui accélèrera l'hydratation. Il y a un petit coup de main à prendre car l'on risque évidemment de couper ou écraser le germe. La germination s'obtient en quelques jours au lieu d'une bonne quinzaine semble-t-il. Prévoyez assez vite des tuteurs ou une petite treille, car la plante est grimpante, tout comme les Passiflores traditionnelles.
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